CTSD du 25 janvier 2022 : déclaration liminaire de la CGT Educ’Action 77

CTSD 1er degré 25 01 22

Mme la Directrice Académique, Mesdames et Messieurs les membres du CTSD,

J’ai relu pour la préparation de cette instance notre déclaration liminaire de l’an dernier, au même stade de la carte scolaire. Difficile de ne pas la reprendre ici, tant le sentiment d’immobilisme demeure. Nos constats de l’an dernier pourraient être quasi copiés-collés, ils sonneraient justes aujourd’hui : le Ministère apprend si peu de ses erreurs...
Commençons bien sûr par notre obsession, des moyens supplémentaires. Nécessaires en temps normal, et d’abord pour les remplacements, ils deviennent indispensables dans les temps extra-ordinaires que nous traversons, indiquions-nous en février 2021. Soit au moins 800 postes manquants pour les écoles du 77, selon le chiffrage de l’Intersyndicale, et sans doute plus proche du millier pour la CGT dès lors que nous affrontions une pandémie. « Aucun moyen supplémentaire n’a été donné à la rentrée [2020] pour anticiper les nouvelles vagues épidémiques, écrivions-nous alors. Nous voici en février, et Madame la Directrice Académique, vous n’avez plus de remplaçants à envoyer dans nos écoles. Pour parler dans les termes des Ressources Humaines, vous avez un stock nul alors que la demande explose. » Un an après cette déclaration, la situation est pire encore : au Gouvernement , les réactions sont lentes quand il s’agit du Service Public... l’Ecole et l’Hôpital en savent quelque chose. Notre département s’est même couvert de ridicule en essayant de débaucher des professeur.es des écoles retraité.es, ce qui a eu au moins pour effet de montrer le degré du naufrage, à défaut peut-être de permettre des remplacements effectifs. Nous voulons bien des éclaircissements sur cette tentative inédite et ses effets.
Examinons les conclusions du dernier CTA sur la répartition des moyens, justement. Voici ce que précise ce document , avant d’annoncer 87 ETP supplémentaires pour la Seine-et-Marne : « 
210 moyens d’enseignement du 1er degré sont créés à la rentrée 2022 pour le BOP 140. La répartition de ces moyens d’enseignement entre les départements a été opérée en fonction :
 de l’évolution démographique
 de l’évolution du régime des décharges des directeurs d’école ;
 de la prise en compte des besoins d’ouverture d’ULIS ;
 de la poursuite du contingentement à 24 des GS, CP et CE1 (hors éducation prioritaire) ;
du dédoublement des GS en éducation prioritaire ».

Voyons...Ne manque-t-il pas quelque chose dans cette présentation ? Davantage de moyens en cas de poussée démographique, oui, c’est logique...pour les décharges de direction en augmentation, voilà qui paraît cohérent...Alors pourquoi ce sentiment d’un énorme oubli ? D’un coupable angle mort ? Il faut s’imaginer un Historien des temps futurs, passionné au point d’éplucher les comptes -rendus de CTA, chercher à comprendre les critères de notre époque : « y a-t-il eu des personnels supplémentaires pour faire face à la pandémie de Covid-19 ? Evidemment que oui », pensera-t-il. Il pourra éplucher la carte scolaire de 2021, puis celle de 2022 : évidemment que non, lui répond Jean-Michel BLANQUER. Du moins était-ce la réponse officielle jusqu’au 13 janvier 2022. Mais cette capacité à traverser une crise sanitaire inédite par sa gravité sans modifier d’un iota les recrutements est sidérante. Héroïsme ou surdité, notre Historien jugera.
Une certitude : notre service public d’Education, spécialement dans le 77, est à peine dimensionné pour les temps ordinaires, en clair quand tout va bien. Or le réel vient parfois rappeler cruellement que, non, s’il n’y a pas d’intendance, l’intendance ne suivra pas. Confrontés à une philosophie d’enseigne low-cost ( qu’on peut résumer prosaïquement par « Il y a suffisamment de canots de sauvetage sur le Titanic, du moment qu’aucun iceberg ne se trouve sur sa route »), nous réclamons les moyens nécessaires pour que l’Ecole fonctionne même en hiver, même quand les temps sont difficiles , même sous pandémie.

Comme vous le voyez, et comme l’année dernière, ce n’est pas tant la répartition faite par la DSDEN 77 que nous contestons, mais la dotation qui nous est proposée. Nous continuons à saluer le travail de vos services pour établir une carte scolaire juste, et nous saluons une meilleure atmosphère au sein des Groupes de Travail par rapport à l’an dernier, puisque les documents nécessaires nous ont été à nouveau distribués. Même constat que l’an dernier, votre répartition est à nos yeux inutilement compliquée par les injonctions ministérielles, ainsi des dédoublements imposés en GS, CP et CE1, alors que nous continuons de défendre le dispositif PMQC, qui permet aux conseils des maîtres de décider où mettre des enseignants supplémentaires, selon la réalité de chaque école. Comme le prouve la loi Rilhac, l’heure est davantage à l’autorité, au leadership qu’à la confiance dans le collectif des équipes pédagogiques.

Nous souhaitons nous arrêter un instant sur la situation sanitaire. En tant qu’organisation syndicale, nous n’avons bien entendu aucune compétence spécifique sur les données épidémiologiques, nous ne sommes pas en capacité de juger mieux que les autres si un protocole est judicieux du point de vue sanitaire à tel moment, sur tel territoire. Par contre, comme représentants des personnels, nous sommes à même de juger si un protocole est cohérent et applicable. Nous ne rentrerons pas dans les détails ici, mais il est aisé de voir que le dernier protocole est incohérent ( soit on fait 1 attestation et 1 test, soit on fait 3 attestations pour 3 tests par exemple, mais 1 attestation pour 3 tests, le protocole est dans une dimension qui échappe à toute logique) ; c’est d’ailleurs toute la philosophie générale du protocole qui se montre inconséquente, puisqu’il s’agit d’alléger les mesures au moment où les cas explosent...pour mieux combattre la pandémie. Incohérent, et de surcroît inapplicable , mais sur ce point le dernier protocole ne fait que continuer une longue série. Nous disons cela parce que le puissant mouvement de grève du 13 janvier n’était pas qu’un ras -le-bol, ou le fruit de personnels qui sauraient mieux que tout le monde ce qu’il faudrait faire sur le plan sanitaire. Nous voulons des consignes claires, discutées puis annoncées en amont, logiques et possibles à mettre en œuvre. Face aux injonctions contradictoires, trop de collègues se trouvent dans un équilibre précaire, comme ces cyclistes sommés de faire du surplace. Un surplace qui durera bientôt depuis 2 ans...avec quelles conséquences sur ces personnels, et bien sûr leurs élèves ? Nous ne pouvons que renouveler notre alerte sur la santé physique et mentale de celles et ceux qui font l’Ecole.
Terminons comme nous avons commencé, traditionnellement par les moyens. Nous continuons d’exiger un plan d’urgence pour les écoles de Seine-et-Marne, et si l’annonce de l’ouverture de la liste complémentaire en tient lieu, pouvez-vous, Mme la DASEN, préciser combien de postes cela représentera pour notre département ? Nous continuons de revendiquer un maximum de 20 élèves par classe, pour permettre aux enfants et aux personnels des conditions de travail optimales, dans les conditions ordinaires mais aussi dans des situations extraordinaires qui ne sont plus à exclure. Cette baisse d’effectifs par classe ne peut s’obtenir que par un recrutement massif, d’où notre mobilisation ce 27 janvier. Les salaires doivent être revalorisés pour tous les personnels, et sont aussi indispensables pour attirer de nouveaux collègues : sans salaire décent, pas de recrutement ! La CGT Educ’Action 77, comme plusieurs organisations présentes à ce CTSD, appelle à la journée interprofessionnelle de grève et de manifestation jeudi prochain sur les salaires et l’emploi.
Sauf annonce surprise de votre part de postes pérennes créés en grand nombre, Mme la DASEN, notre organisation se déclarera lors de ce CTSD contre la carte scolaire , estimant une nouvelle fois encore qu’elle ne répond pas, dans sa dotation et in fine sa répartition, aux besoins des personnels, des élèves et des familles de Seine-et-Marne.