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Le ministère accélère l'annonce des suppressions de postes d'enseignants

"Le Monde" publie la répartition par académie des suppressions de poste. Lille et Nancy-Metz sont les plus touchées. Au total, 14 000 emplois disparaîtront en 2012.

Par Aurélie Collas

Publié le 17 décembre 2011 à 13h22, modifié le 26 mars 2012 à 15h25

Temps de Lecture 3 min.

Personne ne s'y attendait. Du moins pas si tôt. A quelques heures du début des vacances scolaires de Noël, vendredi 16 décembre, la répartition par académie des suppressions de postes dans l'éducation nationale pour la rentrée 2012 est tombée.

Le ministère a présenté aux organisations syndicales les grandes lignes de cette répartition, alors que son budget n'a pas encore été définitivement adopté par le Parlement, la majorité de gauche au Sénat freinant des quatre fers.

D'ordinaire, cette annonce intervient fin décembre, début janvier. Mais l'élection présidentielle approche. "Il faut dégager le terrain pour la campagne", soutient Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat SE-UNSA. Un terrain miné par la suppression de 14 000 postes en 2012 - dont 5 700 dans le premier degré et 6 550 dans le secondaire -, qui viennent s'ajouter aux 66 000 suppressions intervenues depuis 2007.

La répartition des suppressions de postes par académie est un sujet sensible dans l'éducation nationale. Sur le terrain, il se traduit souvent par des fermetures de classes dans les écoles.

En janvier, l'annonce de la répartition des emplois supprimés sur le territoire avait déclenché, tout au long du premier semestre, une vague de protestations de la part des élus locaux, des parents d'élèves, des enseignants. La communauté éducative disait alors que le "mammouth" était "à l'os", qu'il ne pourrait pas supporter une nouvelle "cure d'amaigrissement".

Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, soutient le contraire. "On peut continuer à ne pas remplacer une partie des départs en retraite" après 2012, a-t-il déclaré fin novembre, lors d'un séminaire consacré à la RGPP, la révision générale des politiques publiques.

Comme en 2011-2012, toutes les académies perdront des postes, à l'exception de la Guyane, qui en gagnera 50. Les académies les plus touchées sont celles de Lille (399 postes supprimés dans le premier degré, 589 dans le second degré) et Nancy-Metz (367 pour le primaire, 425 dans le secondaire). Dans le haut du tableau figurent aussi les académies de Versailles (755 postes supprimés au total), Créteil (595) ou encore Aix-Marseille (504).

Les critères de répartition de ces suppressions de postes sont peu détaillés dans le document que Le Monde s'est procuré. Le ministère évoque le "rattachement territorial" (académies à dominante rurale, urbaine ou d'outre-mer), les "difficultés sociales" et les "variations démographiques". Il ne précise pas que ses prévisions d'effectifs montrent une hausse significative du nombre d'élèves à la rentrée 2012, effet du "boom" démographique du début des années 2000 : 6 000 élèves de plus sont attendus dans les écoles primaires à la prochaine rentrée, 21 200 dans les collèges, 6 600 dans les lycées généraux et technologiques, selon les documents budgétaires débattus par les parlementaires.

S'ouvre maintenant une phase périlleuse pour les recteurs, qui vont devoir plancher sur les "leviers" à actionner afin de respecter les objectifs budgétaires.

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Les recettes utilisées cette année devraient être remises au goût du jour. Augmentation du nombre d'élèves par classes, fermeture d'options, diminution des cours à effectifs réduits, suppressions de postes de remplaçants au collège et au lycée. Dans une enquête publiée en septembre, le SNPDEN, principal syndicat des chefs d'établissement, avait calculé que le système fonctionnait grâce aux heures supplémentaires. "Si les enseignants refusaient de les assurer, il y aurait, dans chaque établissement, une classe sans professeur", avait estimé Philippe Tournier, son secrétaire général.

Quant à l'école primaire, le président de la République avait promis, en juin, de la "sanctuariser". Autrement dit, le nombre de fermetures de classes ne devait pas excéder le nombre d'ouvertures. Pour tenir l'engagement présidentiel, les recteurs devront toucher aux dispositifs d'accompagnement et de soutien : intervenants en langues, réseaux d'aide spécialisés aux élèves en difficultés (Rased)...

"Tous ces postes qui ne sont pas forcément visibles, mais qui contribuent à prendre en charge les élèves les plus fragiles. Ce sont eux qui vont payer la facture", s'inquiète Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, majoritaire chez les professeurs des écoles. Reste le vivier des enfants de moins de 3 ans : 34,5 % d'entre eux étaient scolarisés en 2000. Ils ne sont que 13 % cette année, et ce taux risque encore de diminuer encore en 2012.

La répartition des suppressions de postes par académie n'est pas définitivement figée. Vendredi, les syndicats ont obtenu le report du comité technique ministériel sur ce sujet à début janvier. "Sur le budget, il doit y avoir un débat et un vote. Or, l'administration a pensé qu'une simple consultation suffisait", déplore Christian Chevalier.

Sollicité, le ministère de l'éducation nationale n'a pas souhaité s'exprimer. Mais comme, sur ce dossier, il faut faire vite, il y a fort à parier que le "débat" attendu par les syndicats ne s'apparente à un dialogue de sourds...

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