RESF (avatar)

RESF

Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

Abonné·e de Mediapart

213 Billets

0 Édition

Billet de blog 7 novembre 2011

RESF (avatar)

RESF

Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

Abonné·e de Mediapart

Ilyès , lycéen, 18 ans, kidnappé pour être expulsé

Mercredi 2 novembre. Pour tous les élèves de France, c'est la fin des vacances scolaires. Pour Ilyès, 18 ans, lycéen en 1ère S au lycée Henri Parriat de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), il n'y aura pas de rentrée. Arrêté, rapté le matin au commissariat de sa ville, il a été conduit à l'aéroport de Lyon Saint Exupéry et embarqué dans l'avion de 13 heures pour l'Algérie, l'expulsion était prévue d'avance, la place avait été retenue.

RESF (avatar)

RESF

Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mercredi 2 novembre. Pour tous les élèves de France, c'est la fin des vacances scolaires. Pour Ilyès, 18 ans, lycéen en 1ère S au lycée Henri Parriat de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), il n'y aura pas de rentrée. Arrêté, rapté le matin au commissariat de sa ville, il a été conduit à l'aéroport de Lyon Saint Exupéry et embarqué dans l'avion de 13 heures pour l'Algérie, l'expulsion était prévue d'avance, la place avait été retenue. Expulsé en cinq heures, sans vêtement de rechange, sans argent, et sans que quiconque s'inquiète de savoir si quelqu'un pourrait l'accueillir là-bas.

Ilyès, un dangereux fauteur de troubles ? Un délinquant qu'il fallait toutes affaires cessantes arracher à sa famille, à ses études, son lycée, ses camarades, ses profs ? Un de ces mauvais élèves issus de l'immigration et responsables de l'échec scolaire, un de ceux que dénonce Claude Guéant ? Rien de tout ça, juste un chiffre, un bâton dans les comptes de la PAF pour atteindre les 30 000 expulsions à la fin de l'année.

Ilyès vit en France avec ses parents, tous deux en situation régulière et deux de ses frères, dont le plus jeune, né en France, est français. Il avait l'an dernier de bons résultats, il est depuis septembre 2011 en 1ère S, apprécié de ses professeurs. Un élève ordinaire avec des copains, mais à qui il n'a, semble t-il, pas osé dire qu'il avait des « problèmes de papiers ».

Début février 2011, il aura 18 ans à la fin du mois, il dépose sa demande de titre de séjour à la mairie de Saint-Vallier qui transmet à la préfecture, comme c'est l'usage. Quand la réponse arrive, c'est le refus, assorti d'une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Incompréhensible pour la famille où les deux parents ont un titre de séjour vie privée et familiale renouvelable. Un recours gracieux est alors déposé à la préfecture, assorti d'un courrier du député maire de Montceau et du bulletin scolaire d'Ilyès, qui est bon.

Pas de réponse. Inquiétude des parents. Le député de Montceau relance la préfecture qui déclare que le recours n'a pas été effectué, et que l'OQTF est maintenue. Dossier perdu, c'est plus facile pour faire du chiffre...

En octobre, en l'absence des parents, la police fait une descente au domicile de la famille, se saisit d'Ilyès et de ses deux frères de 14 et 7 ans, qui sont emmenés au commissariat, en laissant la porte d'entrée grande ouverte. Avec un mot aux parents (ironie, les policiers leur indiquent où sont leurs enfants, pour qu'ils ne s'inquiètent pas). Au commissariat, aucune explication n'est donnée aux enfants qui se sentent humiliés, arrêtés comme des voleurs, traités comme des criminels. Lorsque la mère vient les récupérer, la police lui explique qu'elle a emmené les deux plus jeunes par sécurité. Ilyès est assigné à résidence et doit venir signer quotidiennement au commissariat.

Ce qu'il fait chaque jour pendant les vacances de Toussaint, jusqu'à ce mercredi 2 novembre.

EXPULSE en Algérie où ses grands parents vivent à Batna. Il n'a aucun moyen d'aller au lycée en Algérie car il a dépassé l'âge autorisé. En effet, l'entrée en terminale s'effectue à 17 ans et Ilyès a déjà 18 ans passés.

A Montceau les Mines, c'est la stupeur et l'indignation de la communauté scolaire et bien au-delà. La nouvelle se propage à toute vitesse. Dès le jeudi, près de 700 lycéens jeunes et adultes, parents, enseignants, manifestent devant l'établissement et dans les rues de la ville, et font part de leur émotion et de leur écœurement.

Philippe Bedert, le professeur principal du jeune lycéen

» Tout le monde ici est conscient qu'il s'agit d'une décision administrative aberrante et prise dans une extrême rapidité »

La population de Montceau

"Ilyès est un humain comme vous et moi. je ne vois pas de quelle droit les autorités française viennent enlever, un élève qui est aussi bien intégré que n'importe quel autre jeune en France, à sa famille, ses amis (avec une rapidité déconcertante) [...].Ilyès reviens tu as ta place en France comme n'importe lequel d'entre nous!!!!!!"

"Je suis très choqué par ce qui c'est passé pour Ilyes. Je trouve cela inadmissible!!!
...De quel droit peut-on priver quelqu'un de sa scolarité, mais aussi détruire une famille!!!
C'est tout simplement LAMENTABLE."

" c'est honteux de voir que ce jeune étudiant soit ramené en Algérie aussi vite,.....On prend Ilyés et on le renvoie, honte à cette France courage à la famille et qu'il revienne très vite"

Tous décident d'une série d'initiatives pour obtenir du préfet et de Sarkozy le retour d'Ilyès. Pancartes très explicites, ils ne se trompent pas de cibles « Expulsion d'Ilyès Sarkommence à bien faire » peut on lire sur l'une d'elles. Une pétition démarre

http://www.educationsansfrontieres.org/article39418.html

Un blog est immédiatement créé pour suivre la mobilisation jusqu'au retour d'Ilyès

http://ilyes.forumgratuit.fr/

Henri Gaudin, Pacha Ferrier, (RESF Montceau les Mines et RESF 71)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.