EDUCATION NATIONALE ET SEINE-ET-MARNE, L’EQUATION IMPOSSIBLE ?

On peut toujours faire dire ce que l’on veut des chiffres et statistiques. Le nombre de postes de professeurs des écoles créés à la rentrée 2011 en Seine-et-Marne n’est hélas pas une exception.

En janvier, l’Inspection Académique et le Rectorat annonçaient 23 créations de postes dans notre département, alors que le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis voyaient leur nombre de postes baisser.

On aurait pu, a priori, se féliciter d’un tel chiffre. Alors que le gouvernement confirme sa politique de suppression de postes en ne remplaçant qu’un départ à la retraite sur deux dans l’ensemble de la fonction publique, voir le nombre de postes d’enseignants augmenter dans la Seine-et-Marne était inespéré.

Mais pour mieux se rendre compte de la situation, ce chiffre ne signifie rien seul.

En effet, ces créations de postes ne sont que peu de choses face aux 1487 nouveaux élèves à la rentrée. Et surtout, ils ne changent rien ou presque à un autre chiffre où la situation de la Seine-et- Marne est calamiteuse : le taux d’encadrement (rapport entre le nombre d’élèves et le nombre de professeurs).
Hé oui, la Seine-et-Marne arrive fièrement avant-dernière au classement du taux d’encadrement sur l’ensemble des 101 départements qui composent la France (Mayotte est en dernière position). Et les 23 nouveaux postes ne nous font bien sûr pas progresser sur cette statistique.

Il faut bien prendre la mesure de ce classement : dans les autres départements, la situation est catastrophique. Ici, elle est pire. Les classes sont surchargées depuis trop longtemps, les classes double-niveau se multiplient, et les enfants avancent comme ils le peuvent, avec des enseignants dont les conditions de travail sont plus que difficiles. Une manifestation de parents d’élèves a eu lieu à la rentrée devant l’Inspection Académique, pour refuser des situations ubuesques (30 élèves dans une classe sur deux niveaux... tout ça parce qu’il manque 2 élèves pour ouvrir une classe supplémentaire). Beaucoup d’écoles représentées ont eu gain de cause ! Signe que nous sommes dans une année d’élection certainement, mais aussi que la lutte peut payer, et surtout que sans lutte on obtient rien ! Enfin, lorsque l’OCDE publie un comparatif international des salaires des enseignants, on s’aperçoit qu’en France un enseignant débutant gagne 25% de moins que la moyenne des pays de l’OCDE, et qu’en milieu de carrière il reste à -15%.
On comprend alors pourquoi l’année dernière le nombre de personnes inscrites aux concours d’entrée de l’Education Nationale a été divisé par deux, au point où certaines matières n’ont pas pu recruter le nombre de personnes voulues, ce qui ne fait qu’accentuer le manque criant d’enseignants.