Nous ne sommes ni des "islamo-gauchistes" ni des "fainéants" ni des "preneurs d’otages" ni des "héros"

Communiqué de presse de la CGT Educ’action 77

À Melun le 27/10

Monsieur le Ministre,
Nous ne demandons pas à être choyés, juste respectés.
Si une ligne à ne pas franchir dans notre Administration existait, vous l’auriez franchie il y a longtemps. Et pourtant, jeudi 22 Octobre sur Europe 1, alors que toute notre profession était endeuillée, vous avez à nouveau tenu à nous insulter.
Vous avez en effet accusé une organisation syndicale étudiante et un parti politique de « favoriser une idéologie, qui de loin en loin, mène évidemment au pire ». Vous avez ensuite repris l’expression d’« islamo-gauchisme », pour qualifier nos collègues enseignant à l’Université, lieu où sévirait un « islamo-gauchisme qui y ferait des ravages ».

Pourquoi ces accusations de « complicité intellectuelle du terrorisme » à l’encontre de ces organisations ? Parce que, comme beaucoup d’autres organisations syndicales ou politiques, dont la CGT, elles ont participé à une marche le 10 Novembre 2019 suite à l’attentat, perpétré par un ex-candidat du Front National aux élections départementales, contre la mosquée de Bayonne ?

Alors que nous venons à peine de rendre hommage à notre collègue Samuel Paty, assassiné et décapité au nom de l’islamisme intégriste, plutôt que de faire front ensemble face à l’obscurantisme et de combattre sans relâche cette idéologie et celles et ceux qui la portent, vous reprenez le vocabulaire et les diatribes de l’extrême droite afin de discréditer un syndicat et un parti d’opposition et à travers eux les organisations ayant participé à cette marche.

Comment pouvez-vous penser, monsieur le ministre, qu’en instaurant un tel climat de division et de suspicion, nous puissions reprendre sereinement le 2 Novembre et pour vous citer « nous montrer unis face à ceux qui veulent ébranler les valeurs de la République » ? Nous vous appelons, monsieur le ministre, à beaucoup plus de retenue et d’esprit républicain et à moins de calculs politiciens, de polémiques injustes et blessantes notamment dans la période que nous traversons.

Nous ne sommes ni des « islamo-gauchistes » pour reprendre vos propos, ni des fainéants, ni des « preneurs d’otages », ni des héros. Nous nous battons au quotidien pour avoir les moyens d’exercer notre métier, d’œuvrer chaque jour pour transmettre des connaissances, susciter des débats, développer l’esprit critique de nos élèves, pour qu’ils et elles puissent s’émanciper, penser, confronter leurs points de vue, défendre leurs idées et aussi les remettre en cause. C’est notre travail et nous resterons mobilisés pour le défendre et l’améliorer.