Comment s’adresser aux collègues pour le 11 mai ?

Nous avons été contactés suite à certaines demandes beaucoup trop précoces de la part des chefs d’établissements quant à l’organisation de la "reprise" le 11 mai. Il peut être pertinent de rappeler aux collègues où on est...afin de ne pas accepter n’importe quoi :

Chers collègues,

Il y une semaine, nous apprenions la réouverture des écoles et établissements scolaires le 11 mai au prétexte des inégalités sociales et scolaires qui en découlent. Et oui, les jeunes qui étaient vecteurs de contamination il y a un mois, ne le sont plus quoiqu’en dise pourtant l’INSERM.

Notre ministre, Jean-Michel Blanquer a donné des précisions sur cette réouverture en pleine crise sanitaire devant la commission parlementaire des affaires culturelles et de l’éducation avant-hier : si cadrage national il y aura, a-t-il dit, les configurations se déclineront semble-t-il à l’infini. Ici cantine, là non, là sandwicherie. Ici élèves en demi-groupes, là enseignement en distanciel, ici études ou en activités sportives… Ici école ouverte, là école fermée ! Autant dire que l’argument des inégalités n’aura pas tenu longtemps !

Quelques heures après ses déclarations, le ministre a cependant dû reconnaître à l’Assemblée qu’il ne s’agissait là que d’ « hypothèses » et que rien n’avait été arrêté.
Et pour cause : le ministre n’est tout simplement pas compétent pour fixer les règles sanitaires qui devront être mises en place pour permettre la sécurité de tous à l’Ecole, cette compétence relevant du délégué interministériel à la gestion de la crise sanitaire, Jean Castex !

Interrogés lors d’instances départementales et académiques le 21 avril, la Directrice académique ainsi que le Recteur ont tous deux affirmé qu’aucune directive en vue de la reprise n’avait été transmise par le ministère et qu’ils rappelleraient aux chefs d’établissement qu’il n’était donc pas possible d’organiser des instances pour préparer le 11 mai avant le 30 avril, soit après que les consultations ministérielles des organisations représentatives des personnels, des parents d’élèves et des élèves seraient finies.

Pour l’heure, nous sommes convaincus qu’une reprise en présentiel au 11 mai est non seulement inenvisageable mais qu’elle constituerait une mise en danger de nos élèves, de nous-mêmes ainsi que de nos proches. Même à imaginer que finalement, les protections qui manquent encore à l’hôpital ou aux collègues qui accueillent les enfants de soignants, arriveraient en quantité suffisante, comment assurer la protection de nos élèves aux abords du lycée, dans les escaliers, dans la cour, dans les transports ? Qui le fera ? Avec quels moyens ?

Le 11 mai n’est-il pas que l’arbre qui cache la forêt ? Que constate-t-on dans les instances qui préparent la rentrée prochaine ? Est-il tenu compte de la crise sanitaire ? Envisage-t-on de donner davantage de moyens à l’Ecole ? Rien de tel : même l’annonce des fermetures de classe dans les communes de moins de 5000 habitants n’a pas pu être suivie d’effet dans le 77 et il a fallu abaisser ce seuil à 2000 habitants !
N’est-ce pas pourtant au « monde d’après » que nous pourrions réfléchir à commençant par analyser les raisons de la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui.
Rien n’est inéluctable et la situation dans laquelle nous sommes résulte de choix politiques plus ou moins récents. De la suppression de 100 000 lits à l’hôpital en 20 ans à la lenteur avec laquelle le gouvernement se décide à investir dans la protection de la population contre le virus, il existe un même continuum idéologique.

Le texte en Pj :

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